La lettre d’information de la Région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine N° 10 du 2 juin 2016 est consacrée à la présentation succincte du budget primitif de la région pour l’année en cours.
On pourra trouver une présentation plus complète de ce budget ici.

On pourra également lire avec intérêt le discours d’ouverture de la Séance plénière du Conseil régional du 30 mai 2016 par M. Philippe Richert, président du Conseil régional d’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, ancien ministre, dans lequel, outre le caractère exceptionnel de cette année de transition, il insiste sur la question de l’emploi :
« Mais je sais que, dans cette nouvelle structuration institutionnelle, les Régions ont un rôle essentiel de définition de la stratégie territoriale – ce qu’aucun autre acteur ne fait aujourd’hui – et de ce que cela emporte : l’impulsion et la relance du développement, de la compétitivité et de l’emploi. »
Ce budget suscite quelques réflexions de notre part :
– On ne peut que saluer l’effort pour la jeunesse en matière de formation professionnelle, d’apprentissage et d’enseignement (31 %).
– On ne s’étonnera pas de l’importance du poste des transports non urbains de voyageurs qui a été délégué aux régions avec la mise en place des TER ferroviaires et routiers (bus Macron)…
– En revanche, on peut se demander où passent les 46 millions d’euros qui font la différence entre le budget global annoncé et le total de celui qui nous est présenté.
– Si l’on reprend la présentation de ce budget à notre façon (voir le tableau ci-dessous), c’est-à-dire sans séparer les différents postes et en les regroupant tous dans un même cadre, on constate que le poids des charges de la dette est aussi lourd que ceux réunis de la Culture (2,05 %), le développement économique (2,68 %), le tourisme (1,10 %) , l’agriculture (0,79 %), l’enseignement supérieur et la recherche (1,65 %) et l’environnement (1,46 %). On rétorquera à cela que les anciennes régions étaient toutes, hormis l’Alsace, antérieurement gérées par la gauche, qui les aurait endettées au delà du raisonnable. Mais l’Alsace peut-elle se targuer de n’avoir apporté dans l’escarcelle commune que des actifs ? (voir ici)
– Ce sont, certes, des postes budgétaires relevant de la responsabilité régalienne de l’Etat, mais on se demande encore pourquoi les budgets du sport et de la culture réunis sont inférieurs à celui du fonds européen et des relations internationales, qui ne relèvent que très partiellement de la région.
– Malgré les déclarations de bonnes intentions réitérées, comme celle-ci : « Nous avons fait de l’emploi et du développement de nos territoires les deux priorités de notre mandat. Nous lançons en 2016 les premières grandes impulsions », on cherche désespérément une ligne en faveur du dit emploi…
Et l’environnement…
– L’environnement demeure le parent pauvre (1,46 %), dans une région où se posent des questions aussi importantes que le nucléaire (Centrales de Fessenheim, Chooz, Cattenom, Nogent, exploitations minières de Teufelsloch & Schaentzel, Kruth, sites industriels de Ottmarsheim, Wintzenheim, Thann, Chaumesnil, sites militaires de Brienne-le Château, Moronvilliers, centres de stockage de Soulaines, Bure, centre de recherche de Strasbourg).
– Le problème de l’usage des pesticides ne mérite-t-il pas un effort particulier, quand l’Aube et la Marne se trouvent en tête du palmarès des départements utilisant les plus grandes quantités de produits classés dangereux (champagne !) ?

– Quant aux émissions de gaz à effet de serre dus à l’industrie et surtout au trafic routier (autoroutes A4, A5, A26, A30, A31, A34, A35, avec 1280 km au total et 223,74 millions de tonnes ou 24,15 milliards de tonnes-km de marchandises transportées déjà en 2013 sur le seul réseau routier de la région Grand Est), comment va-t-on aider la région à respirer et à lutter à sa mesure contre le changement climatique ?
– Il est tout autant urgent de se pencher sur la question de l’augmentation des teneurs en nitrates dans les cours d’eau (seulement 31 % des masses d’eau superficielle en bon état écologique et 26 % en bon état chimique, 31% des masses d’eau souterraine en bon état chimique au sens de la directive cadre sur l’eau; voir ici ). Les 0,79 % accordés royalement à l’agriculture vont-ils permettre d’aider les petits agriculteurs qui le souhaiteraient à modifier leurs pratiques ?
La liste demeure ouverte et chaque lecteur aura tout loisir de commenter…
Nos calculs
Budget primitif région Grand Est 2016 | En Millions d’€ | % | ||||
Jeunesse | 790 | Formation professionnelle et apprentissage | 484 | 19,05 | ||
Enseignement et lycées | 306 | 12,04 | ||||
Vivre ensemble | 147 | Fonds européen et relations internationales | 79 | 3,11 | ||
Sport | 16 | 0,63 | ||||
Culture | 52 | 2,05 | ||||
Hors interventions | 600 | Charges de la dette | 247 | 9,72 | ||
Ressources humaines | 289 | 11,37 | ||||
Moyens généraux et fonctionnement | 63 | 2,48 | ||||
Divers | 1 | 0,04 | ||||
Compétitivité | 223 | Développement économique | 68 | 2,68 | ||
Tourisme | 28 | 1,1 | ||||
Agriculture | 20 | 0,79 | ||||
Enseignement sup. et recherche | 42 | 1,65 | ||||
Innovation | 65 | 2,56 | ||||
Territoires | 735 | Transports | 600 | 23,61 | ||
Environnement | 37 | 1,46 | ||||
Aménagement | 68 | 2,68 | ||||
Divers | 30 | 1,18 | ||||
Inconnu | 46 | Inconnu | 46 | 1,81 | ||
Total | 2541 | 100 |